Carnaval de Dunkerque

Publié le par Jean-Michel

Trop de chahut en premières lignes : le carnaval est-il malade ?

« La bande, c'est pas n'importe quoi. » En concertation avec quelques carnavaleux « indépendants », la ville de Dunkerque a lancé une campagne pour rappeler les fondamentaux du carnaval. Serait-il donc malade ?

«  La bande, c'est pas n'importe quoi ! » Message relayé à grand renfort de dessins, d'affiches, de messages SMS, le thème de la campagne de la ville de Dunkerque, lancée en partenariat avec quelques carnavaleux « indépendants » (qui ne sont pas membres d'une association carnavalesque) peut dérouter. Le carnaval dunkerquois est-il à ce point « malade » qu'il apparaît nécessaire d'en rappeler les règles ?

Eh bien oui, il semble incontournable de redire cette vérité : aussi désorganisée puisse-t-elle paraître, la bande, qui s'ébroue aujourd'hui dans les rues de Dunkerque, est très codifiée. La maladie est ancienne : voilà dix ans, une charte « Carnavaleux respectueux, carnavaleux heureux », en avait déjà rappelé quelques règles essentielles.

Crise de croissance

Le « foyer d'infection » a été identifié : les premières lignes. Précisément celles dont la mission sacrée est de contenir le chahut des masquelours. «  L'an dernier, lors du rigodon, par deux fois, la musique a dû s'arrêter en raison de chutes », déplore Olivier Vermersch, l'un des « première ligne » qui ont réfléchi à cette campagne. «  Le noyau de masquelours n'est plus assez conséquent pour gérer la bande, il fallait se réunir », s'étrangle Bernard Vandenbroucque, chef des « Noirs ».

« Malade » (mais pas mort et enterré), le carnaval voit quelques docteurs se pencher à son chevet. Le diagnostic connu, reste à en déterminer les causes. Victime de son succès grandissant, la bande connaît une crise de croissance. «  Nous sommes face à deux soucis. Le premier, externe : le développement touristique et commercial du carnaval. Là, on ne peut pas grand-chose. Le second est interne : la perte de tradition, avec un savoir-faire qui n'est pas bien transmis ou volontairement contourné. » Premier fléau : passer un moment en première ligne reste LE Graal de nombreux masquelours. Seulement, ça se mérite. «  Un rite initiatique , précise Christophe Merten, première ligne à Dunkerque aujourd'hui et tambour-major à Rosendaël mardi. On est d'abord derrière. Si on le mérite, on monte. J'ai eu la chance d'être invité en première ligne à 18 ans. On m'a dit de ne prendre personne à mon bras et de veiller à ce que personne ne soit entre les lignes et la musique. » Autres symptômes : les carnavaleux et spectateurs qui s'immiscent entre la musique et les premières lignes («  Dangereux !

 », clament en choeur les premières lignes) la foule qui est souvent plus nombreuse devant le tambour-major que derrière des masquelours qui chahutent constamment, même quand la musique est douce... Ville et « indépendants » ont sollicité l'aide d'un grand spécialiste : le dessinateur dunkerquois Pierre Échevin (qui livre également Katimini chaque mercredi, en page Kaléidoscope). Histoire de rappeler par le dessin les fondamentaux. L'esprit d'équipe tout d'abord : «  Les premières lignes se soutiennent les unes aux autres. » Le respect : «  Patience, la première ligne, ça s'apprend. » L'espace, surtout : «  Ne viens pas entre les premières lignes et les musiciens. La bande doit pousser, ancrer le chahut, retenir la marée des masquelours. » Respecter la partition, enfin : «  Apprends les chansons et chante par coeur. Marche quand les fifres jouent au lieu de pousser comme un fou, la bande, ça s'écoute !  » Le traitement sera sans doute long mais le malade garde le moral : aujourd'hui, il devrait recevoir la visite de nombreux amis ! •


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